MOULINES .(50)
Près de trois cents personnes ont assisté le 25 mai dernier à la messe du souvenir célébrée dans l'église du village
Les anciens combattants se sont ensuite réunis , avec leurs parents et amis ,devant le monument aux morts où leur président a rappelé "que la fête de la victoire concerne non seulement tous les morts au combat, mais également tous les résistants ,les déportés et les victimes directes ou indirectes du conflit" , insistant sur le fait que cette commémoration doit être considérée comme un message aux générations futures chargées de préserver la réconciliation intervenue entre les belligérants d'hier pour construire et maintenir une Europe unie et un monde meilleur .
Après avoir observé une minute de silence , déposé une gerbe devant le monument dédié à tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour préserver les valeurs traditionnelles de leur patrie , le président à remis des médailles du titre de reconnaissance de la nation .
La cérémonie s'est terminée par un vin d'honneur en présence du maire de la commune .
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FLERS (61)
" Une autre façon de résister , mais pas de la résistance"
Jean Lericheux se souvient des années d'Occupation , des bombes et de la Libération"
I lest des tranches de vie douloureuses, de celles dont on parle peu ou pas.Jean Lericheux a vécu la seconde
Guerre mondiale à Flers.Il fait parti de ceux qui ne sont pas partis au front.Et non , il n'était pas résistant.
Souvenirs.
Contacté pour évoquer Michel Morel (Ancien d'Indo Officier de la LH trop tôt disparu) , Jean Lericheux ouvre la porte de son petit appartement au coeur de la ville de Flers. Quand j'ai connu Michel Morel , il avait 8 ou 10 ans , 6 de moins que moi.Il évoque un enfant qui ne tenait pas en place, un ami de passage .C'était un garçon charmant , là ou le bât m'a toujours blessé , c'est son métier de soldat.
Jean Lericheux n'en dira pas plus sur le sujet.Mais qui est-il ? Derrière ce regard à la fois rieur et réservé , quel passé se cache ? il est né à Flers , a toujours vecu dans la région flérienne."Quand j'étais petit , j'ai eu la polio.Le médecin a dit à ma mère:il ne marchera pas, mais ne fera non plus jamais l'armée " Son regard s'éclaire , se fait malicieux.Il a détrompé cet homme , marché , mais n'a jamais fait l'armée .
Je travaillais dans une carrière pour les Allemands.
"Jétais plombier" Sa voix se fait plus dure .Il accepte de faire un petit résumé de la période de la seconde guerre
Les photos de sa famille émaillent la pièce .
"Durant la guerre , je travaillais dans une carrière au Châtellier , à l'époque j'étais mécanicien .Ils cherchaient des gars pour casser du caillou. On faisait du gravier pour construire les blockhaus du mur de l'Atlantique .
Son regard s'éloigne je suis resté 2 ans tranquille là dedans.Nous faisions tous le minimum, pour un rendement minimum .Quand les Allemands se ramenaient , on bossait un peu.
Jean Lericheux n'a jamais été résistant. Ses mains sont croisées sur la table .Sa peau fine et blanche laisse apparaître les frémissements de ses nerfs .
Le contremaître était analphabète. Avec d'autres, il nous a demandés si on voulait partir en Angleterre .Ils ont été pris....beaucoup des gars de la carrière étaient en résistance. Ils ont été pris.....et fusillés .
Cétait idiot.
Le jeune homme , il avait alors une vingtaine d'années , trouve tout cela idiot, c'était des jeunes , ils étaient fiers de faire tout ça , mais c'est tout juste s'ils ne le portaient pas sur leur visage, il fallait que tout le monde le sache .
Un engouement que le Jean de cette époque ne comprend pas .
Mais cela ne nous empêchait pas de leur donner des cartouches de dynamite .
Une autre façon de résister .
Résister , le jeune homme le fait à sa façon , en travaillant à un rythme de lenteur défiant toute concurrence , en piquant de ceci ou de cela , en cassant le matériel , en s'arrangeant pour travailler la nuit , en ramassant les corps de ces soldats canadiens massacrés par erreur par les avions américains ......une autre façon de résister , mais pas de la résistance .
De la carrière au Châtellier , l'homme se souvent de ses congénères .Son regard devient rieur , jouer "Il y avait d'anciens forçats .C'étaient des champions pour casser du caillou , sorit-il , ils étaient tous à moitié fous , si on voulait s'en faire des copains, il suffisait de leur offrir une cigarette ou un verre de vin . Après , ils se seraient fait tuer pour vous .
Ses mains sont maintenant détendues . Le regard de Jean Lericheux est franc, droit Il parle. Il raconte cette fois où sa femme , ne savait pas s'il était vivant , ce soldat à qui il a offert sa dernière cigarette , ces corps mutilés , ces brancards de fortune faits avec des portes , cet Allemand a qui il a srré la paluche après un saut salvateur dans un fossé alors qu'il lui avait botté les fesses un autre jour.......il raconte .
Ni pour , Ni contre .
Il faut avoir été présent à ce moment là pour comprendre .Ca nous a donné un regard différent sur la vie .Voir les bombes tomber sur Flers...J'ai fréquenté le haut et le bas .Les histoires , les légendes dorées, Jean Lericheux ne s'y fie pas .Il ne les écoute pas.Il était là .Là quand il fallait monter la garde après que les vitrines des Allemands aient explosé.Ni pour , Ni contre .C'est tout simplement en homme , puis en père que Jean Lericheux a traversé cette période .
Certaine histoires sont fausses.
A 86 ans , il aime aller à la médiathèque , voir sa seconde famille comme il dit .Il a déjà été sollicité pour raconter ses souvenirs , mais à vrai dire , ce n'est pas trop sa tasse de thé. Certaines histoires sont complètement fausses. Certains se vantent de chose incroyables. Pas de noms , pas d'insinations . Le temps est passé , fatigué . Seule la mémoire compte , le plus jamais ça , et le présent .Ceux qui ont fait vraiment de la résistance ne s'en vantaient pas, comme ceux qui ont fait la guerre de 14 , ils n'en parlaient pas .
Marie BENOIT
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